Les pesticides du goji non bio

La toxicité des pesticides est au cœur des débats. Désastre écologique et pour notre santé, la quantité de pesticides utilisés dans le monde ne diminue pas. En ce qui concerne le goji, les teneurs en pesticides sur certains lots sont quelques fois bien supérieures aux seuils légaux en France. Ceci peut s’expliquer en partie par les différences entre les normes européennes et asiatiques. Pour vous, nous avons référencé dans cet article les pesticides suscpetibles de se retrouver dans les baies de goji issues de l’agriculture conventionnelle. Afin de simplifier votre lecture, nous les avons classés par famille. Vous trouverez leurs caractéristiques, leurs modes d’actions et leurs risques pour l’Homme et l’environnement. Ces dernières informations sont résumées dans un tableau en fin de page.

 

1-      Les insecticides du goji non bio

-          Les organophosphorés :

Les organophosphorés sont des insecticides systémiques* ou de contact. Ils sont de puissants agents neurotoxiques. Ils inhibent l’action de la cholinestérase dans les cellules nerveuses des insectes. Cette enzyme a pour but de scinder la molécule d’acétylcholine, un neurotransmetteur, pour l’activer et permettre le passage de messages neuronaux. Bloquée sous sa forme inactive, l’acétylcholine s’accumule au niveau des synapses (point de liaison entre les neurones) empêchant la transmission de l’influx nerveux et entraînant, par conséquent, la mort de l’insecte.

Le chlorpyrifos (plus connu sous son nom commercial Dursban®) est un insecticide organophosphoré utilisé par épandage sur le sol ou le feuillage pour contrôler l’invasion des insectes (moustiques, mouches et divers nuisibles) dans les cultures.

Il est fortement absorbé dans le sol et persiste pendant des périodes allant de 60 à 120 jours. Du fait de sa stabilité, il peut localement et plus ou moins durablement polluer l’air, l’eau et le sol et affecter les écosystèmes qui en dépendent : abeilles, espèces aquatiques, oiseaux et aussi les mammifères.

Les organophosphorés représentent une des causes les plus fréquentes d’empoisonnement dans le monde entier. La chlorpyrifos est, quant-à-lui, moyennement toxique pour l’Homme. Il est facilement absorbé par le tube digestif et sa métabolisation est rapide. Les métabolites sont excrétés dans les urines, et à degré moindre dans les fèces. Cependant une exposition régulière (voies respiratoires, voies orales, peau) peut causer des troubles neurologiques, du développement et de l’attention chez l’enfant ou des maladies auto-immunes. Et au-delà d’une certaine dose, son absorption conduit à la mort.

                                          

-          Les carbamates :

Les carbamates sont utilisés en agriculture depuis les années 1950. Ils agissent comme les organophosphorés, le plus souvent par contact, comme inhibiteur rapide de l’enzyme cholinestérase.

Le carbofuran est un insecticide et un nématicide appartenant à cette famille. Il est fortement toxique pour les organismes aquatiques, les oiseaux et les insectes polinisateurs. Il est également nocif pour l’Homme. Reconnu perturbateur endocrinien, il peut causer des troubles de la reproduction et du développement. Pur, il est mortel.

Du fait de sa toxicité, il est interdit dans l’Union européenne par la décision 2007/416/CE. En France, la date limite de son utilisation avait été fixée au 13 décembre 2008.

                                                            

-          Les pyréthrinoïdes :

Les pyréthrinoïdes sont des insecticides de contact et de puissants répulsifs. Ils ont une action quasi-instantanée par effet « choc neurotoxique ». Tout comme les organochlorés, ils agissent en bloquant les canaux sodiques des cellules nerveuses. Ces derniers sont indispensables à la transmission de l’influx nerveux. En altérant leur fonctionnement, les pyréthrinoïdes provoquent une dépolarisation des centres nerveux causant ainsi la paralysie ou la mort de l’insecte.

En général, ils sont détruits par la lumière et l’atmosphère en un ou deux jours. Cependant, ils ont un impact, non négligeable, sur les animaux à sang froid (poissons, abeilles…).

La cypermétrine appartenant à la famille chimique des pyréthrinoïdes présente un effet insecticide à large spectre d’action (insectes rampants et volants). Elle est largement utilisée dans les produits phytosanitaires pour protéger de grandes variétés de culture dont les céréales, le coton et le café ou à des fins domestiques. Elle présente l’avantage d’être efficace même à très faible concentration. 

Sur le plan de la réglementation, la cypermétrine est inscrite dans la liste de substances actives pouvant être incorporées dans les produits commerciaux. Cette liste est fournie en annexe I par la directive 91/414/CEE, du 15 juillet 1991, concernant la mise sur le marché, l’utilisation et le contrôle au sein de l’Union européenne des produits phytopharmaceutiques. Elle a pour but d’harmoniser l’ensemble des réglementations et autorisations des Etats membres.

Quant à sa toxicité, même si du fait de sa photosensibilité, elle est dégradée rapidement dans le sol, elle est hautement toxique pour les espèces aquatiques et les insectes pollinisateurs comme les abeilles. Chez l’Homme, c’est un irritant des voies respiratoires, de la peau et des yeux. Ingéré ou inhalé pur, ce produit est très nocif : pouvoir cancérigène, troubles de la reproduction et du développement…

La fenpropathrine, faisant également partie de la famille des pyréthrinoïdes, est un acaricide et agit sur de nombreuses espèces d’insectes (par voie orale et par contact). Elle est employée sur différents types de cultures (légumes, céréales, fruits) mais n’est pas homologué en France.

Ce composé est un irritant pour les muqueuses respiratoires. Il est carcinogène et  neurotoxique. Pour les organismes aquatiques et les abeilles, la fenpropathrine est hautement toxique. Elle est modérément nocive pour les oiseaux.

Toujours dans la famille des pyréthrinoïdes, le fenvalérate est un insecticide organochloré à large spectre d’action. Il est essentiellement utilisé en tant qu’acaricide pour les cultures agricoles (maraîchage, arbres fruitiers). 

Il a une toxicité modérée chez les mammifères et les oiseaux. Cependant après une exposition aiguë ou à long terme, il peut attaquer le système nerveux central en affectant l’homéostasie de l’ion calcium. Il est extrêmement nocif pour les abeilles, les poissons et autres espèces aquatiques. Chez l’Homme, il peut, en cas de projection, être responsable d’irritation des voies respiratoires, des yeux et de la peau. Hautement toxique en cas d’ingestion, il est reconnu comme perturbateur endocrinien (reproduction, développement).

Enfin, la lambda-cyhalothrine a l’avantage d’avoir un large spectre d’activité. Ce composé est aussi bien utilisé dans le monde agricole (arbres fruitiers, légumes, céréales) qu’en tant que pesticide domestique. Il est important d’appliquer certaines précautions lors de son utilisation. La lambda-cyhalothrine est fortement irritante et est nocive en cas d’ingestion. 

Elle affecte les poissons et abeilles et est peu toxique pour les oiseaux. Cependant, elle est peu soluble dans l’eau et est rapidement dégradée par la lumière du soleil (sa demi-vie de à la surface d’une plante est de 5 jours). De ce fait, elle pollue peu les sols et les nappes phréatiques.

                                       

-          Les néonicotinoïdes

Les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides neurotoxiques. Ils représentent à ce jour 10% du marché des insecticides au niveau mondial. Il s’agit de poisons très violents et leur lutte contre les ravageurs de l’agriculture est très efficace. Cependant plusieurs insecticides de cette famille ont été accusés de provoquer la disparition des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Ils agissent essentiellement par ingestion mais aussi par contact. Ils sont des perturbateurs des synapses cholinergiques qui fonctionnent normalement avec le neurotransmetteur acétylcholine. Ils se fixent sur ses récepteurs au niveau des synapses modifiant ainsi l’influx nerveux. Ceci entraîne une élimination rapide des insectes.

L’acétamipride est un insecticide de la famille chimique des néonicotinoïdes. Cette matière active a été découverte en 1995. Autorisé en France depuis 2005, il est aujourd’hui largement utilisé pour lutter contre les insectes suceurs nuisibles dans les cultures d’arbres fruitiers, de légumes, de tabac…

Reconnu comme ayant un bon profil éco-toxicologique, sa nocivité est faible pour l’environnement. Cependant, du fait de son large spectre d’action, il peut affecter d’autres insectes comme les abeille et est toxique pour les oiseaux et moyennement pour les espèces aquatiques. Il est également nocif pour l’Homme en cas d’ingestion pur et est irritant pour les yeux et la peau. Il est donc à manipuler avec précaution (tenue appropriée, lunettes, masque et gants).

L’imidaclopride (ou chloronicotinile) appartient également à cette famille d’insecticide. Il sert à traiter les cultures, les semences et les sols. Il est utilisé contre les insectes suceurs : pucerons, thrips, doryphores, termites, aleurodes… Cet insecticide n’a en revanche aucun effet sur les nématodes (vers) et les acariens. L’imidaclopride traverse la couche cireuse des feuilles mais ne circule pas dans la plante. Les insectes vont être éliminés en cas de contact ou d’ingestion de l’imidaclopride même.

Suite à la décision 2008/16/CE du 15 décembre 2008, il est inscrit dans la liste des composés pouvant entrer dans la composition de produits phytosanitaires en annexe 1 de la directive 91/414/CEE. Cependant il est autorisé en France sous certaines conditions (principe de précaution): interdiction d’utilisation sur les semences de maïs (2004) et suspension d’emploi pour le traitement des semences de tournesol (1999).

Comme de nombreux néonicotinoïdes, il est soupçonné de provoquer une baisse de la population d’abeilles et de la production de miel. Cependant il n’y aurait pas de problème pour ces insectes pollinisateurs lorsque le produit est utilisé sur les semences ou après la floraison sur la plante adulte. Pour les oiseaux cette molécule est très toxique. Elle l’est peu pour les poissons. Quant à sa toxicité chez l’homme, il perturbe la reproduction ainsi que le développement. Il est tératogène et pourrait être neurotoxique. Enfin il provoque des irritations de la peau et des yeux.

  

2-      Les acaricides strictes du goji non bio

Le clofentézine appartient à la famille chimique des quinoxalines et présente un effet acaricide. Cette substance active est autorisée sur le marché de l’Union européenne par la directive 91/414/CEE. Il est utilisé en traitement des parties aériennes des arbres et arbustes d’ornements ainsi que les arbres fruités.

Il s’utilise contre les œufs et les jeunes déjà mobiles. Il est en revanche inefficace sur les acariens adultes. Il agit, en effet, comme ovicide empêchant alors l’évolution des œufs d’acariens et en tuant l’embryon. Il est efficace par simple contact et il possède une longue activité résiduelle.

En raison de sa stabilité, le clofentézine ne se dégrade que très lentement après le traitement. De même la migration des résidus dans le fruit est aussi très lente, la plupart d’entre eux reste absorbés dans la pelure.

D’un point de vue ecotoxicologique, le clofentézine est insoluble dans l’eau et non persistants dans les sols. Ainsi il est peu toxique pour les microorganismes du sol, les abeilles, les oiseaux et les poissons. Chez l’Homme, c’est un irritant pour la peau et les yeux. En moindre mesure, Il pourrait réduire le taux sanguin d’hémoglobine (molécule permettant à l’oxygène de se fixer aux globules rouges). Enfin, il serait peut être toxique pour la thyroïde.

  

3-      Les fongicides du goji non bio

-           Les guanidines

La dodine  (ou acétate de dodécylguanidine) est un fongicide curatif de la famille des guanidines. Elle est employée pour lutter contre les champignons qui infectent les feuilles et les fruits d’arbres fruitiers (cerisier, pécher, poirier, pommier).

Pendant longtemps, on l’a utilisé pour affecter la croissance de Venturia inaequalis, le champignon responsable de la tavelure du pommier et qui cause des tâches sur les fruits et le feuillage. Cependant, des résistances se sont développées et la dodine n’est plus efficace.

Les risques de toxicité sont faibles pour les organismes terrestres et aquatiques non ciblés. C’est un irritant pour les yeux et la peau de l’Homme. Il pourrait perturber la reproduction et le développement.

 

-          Les benzimidazoles (Carbamates)

Les benzimidazoles sont des fongicides appartenant au grand groupe des carbamates. Ils ont été introduits dans les années 70 et ont révolutionné le traitement de nombreuses maladies des plantes. Ce sont des antimitotiques, c’est-à-dire qu’ils bloquent la division cellulaire du champignon. Ils ont une action inhibitrice sur la biosynthèse des microtubules et plus précisément sur la polymérisation de la tubuline (constituant du cytosquelette) indispensable à la division nucléaire. Le champignon ne peut donc plus se multiplier et se reproduire.

Le carbendazime est un fongicide appartenant à la famille chimique des benzimidazoles. Il est utilisé  en prévention ainsi qu’en cure contre les maladies causées par les champignons dans les cultures de céréales, de betteraves à sucre, de tomates et de fruits à pépins et à noyaux.

Il est interdit dans l’union européenne depuis octobre 2009 (Règlement CE n°1107/2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques).

Sur le plan de la toxicité, le carbendazime affectent les organismes aquatiques. En revanche, il est peu biodisponible dans les eaux de surface ce qui limite sa toxicité. Chez l’Homme, il peut causer des mutations génétiques héréditaires. Il peut diminuer la fertilité et nuire à la santé fœtus. Des doutes existent également sur son rôle de perturbateur endocrinien. 

Le thiophanate-méthyl est un fongicide systémique de la famille des carbamates (benzimidazole) efficace contre de nombreux pathogènes fongiques dont : le piétin-verse des céréales, la tavelure des pommes, le chancre des arbres fruitiers, l’oïdium des fruits et légumes, etc. Il est aussi employé pour protéger les arbres après élagage. 

Il est toxique pour les abeilles, dangereux pour les oiseaux et les mammifères. Concernant ses effets sur l’Homme, il peut être toxique par inhalation et irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Pur, il peut causer des allergies cutanées et est susceptible de provoquer des anomalies génétiques et des troubles de la reproduction. Cette substance est suspectée cancérigène.

 

-          Les triazoles

Les triazoles sont une famille de fongicide ayant une activité systémique ou translaminaire (prochlorase). Ils inhibent la synthèse de stérols, en inhibant la déméthylation des stérols (en bloquant la protéine 14-déméthylase CYP51). Les champignons sont donc incapables de synthétiser de l’ergostérol (un équivalent de notre cholestérol). Cette molécule entre dans la composition des membranes cellulaires chez les champignons. En l’absence d’ergostérol, la formation et le fonctionnement des membranes cellulaires sont perturbés. Les champignons ne peuvent plus se développer, ce qui conduit à leur dépérissement.

Le difénoconazole est un fongicide systèmique de cette famille. Il bénéficie de l’autorisation de mise sur le marché en France et dans l’union européenne (directive 91/414/CEE) et est employé (en prévention et en traitement) pour limiter le développement des champignons sur les arbres fruitiers, céréales, légumineuses…

Il est faiblement toxique pour l’oiseau, peu pour les espèces aquatiques. Il peut avoir un effet nocif sur la santé de l’Homme en cas d’ingestion pur. Il est irritant pour la peau et les yeux et on note une toxicité pour le foie et les reins. Il serait cancérigène.

Le propinocazole est un fongicide systémique foliaire mis au point en 1979 par Janssen Pharmaceutica. Il appartient à la famille des triazole et est utilisé en agriculture sur les graminées (cultivés pour leur semence) et les arbres fruitiers. 

Quant à ses effets sur l’environnement, il est hautement toxique pour les poissons (car renferme un distillat de pétrole). Il affecte peu les oiseaux et les abeilles. Chez l’Homme, il est nocif en cas d’ingestion pur et peut, en cas de projection, provoquer une allergie cutanée. Il est suspecté être cancérigène.

 

La graduation des couleurs représente l’intensité des effets et de la toxicité du pesticide. En hachuré manque d’informations ; En blanc pas de problème ; En jaune il existe des suspicions et/ou de faibles risques ; En orange les risques sont modérés ; En rouge les effets sont indéniablement élevés.

 

* Un insecticide systémique est un insecticide qui pénètre dans les tissus de la plante et est véhiculé par la sève, ce qui est très efficace contre les insectes piqueurs, suceurs ou phytophages.

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